Crédit: IKOKO via Facebook

Bénin : à la rescousse des mets en voie de disparition

La Fédération Agroécologique du Bénin œuvre pour la préservation des mets locaux en voie de disparition, en mettant en lumière des recettes élaborées à partir de semences traditionnelles. Du 27 au 29 octobre 2023, Avrankou, commune située dans le département de l’Ouémé, accueillera donc une foire semencière agroécologique d’envergure.

Les membres de la FAEB annoncent l’édition 2023 de la foire semencière, Crédit Photo : Patrice SAGBO

« Abla » ( pâte préparée à partir d’un mélange de farine de. maïs et de niébé). « Talé talé » ( Beignets de bananes douces). « Wassa Wassa » ( couscous béninois à base de cossettes d’igname). Ces mets peuvent sembler énigmatiques pour beaucoup de Béninois. Pourtant, ils font partie intégrante du patrimoine gastronomique du Bénin, aujourd’hui menacé par des recettes étrangères.

Appolinaire Oussou Lio, président du Groupement pour la Recherche sur le Bien-Être au Bénin (Grabe-Bénin), en est préoccupé. « Nous devons cesser d’être esclaves des autres. Avec la mondialisation, nous importons davantage de maladies alors que nous possédons des alicaments* chez nous. Nous avons des légumes riches en nutriments », confie-t-il.

Face à cette situation, depuis quelques années, la Fédération Agroécologique du Bénin (Faeb) organise des foires semencières et des dégustations de mets locaux. La dernière édition s’est tenue les 21 et 22 octobre 2022 à la mairie de Tori-Bossito, à plus de 40 km de Cotonou, dans le département de l’Atlantique. Cette année, cette initiative ambitieuse aura lieu à Avrankou, à une dizaine de kilomètres de Porto-Novo, capitale du Bénin.

Dégustation de mets locaux lors de la foire semencière d’octobre 2022 à Tori-Bossito, Photo : zoomagro.com

Les participants auront l’opportunité de savourer des plats et de se désaltérer avec des jus et boissons locales.

« À cette foire, nous ne tolérerons pas de produits traités aux pesticides, mais seulement des produits naturels. Il est temps de privilégier les produits de chez nous comme l’Atassi, l’Ablo Yoki, le Wassa Wassa, les Yeke Yeke, pour une alimentation saine », avertit Patrice Sagbo, membre de la Faeb.

Il est temps de restaurer les mets locaux en voie de disparition. Crédit Photo : Patrice SAGBO

Des semences, symboles de liberté !

La Fédération Agroécologique du Bénin est résolument engagée dans la préservation des semences paysannes, luttant depuis deux décennies contre les organismes génétiquement modifiés, considérant ces semences comme des symboles de liberté. À Avrankou, le débat portera aussi sur le renforcement de la protection de ces semences et la promotion de leurs qualités exceptionnelles.

« Ce sont des semences qui produisent sans nécessiter l’usage d’intrants chimiques de synthèse et qui résistent aux changements climatiques. Nous devons les promouvoir pour leurs qualités. Les populations apporteront leurs propres semences à exposer, favorisant ainsi les échanges de variétés », défend Pierre Pierre Bédiye, président de la Faeb.

Des formations sur la production de compost et la préparation de mets disparus seront également proposées pour aider les jeunes à les restaurer. Des animations culturelles viendront compléter cet événement qui célèbre les semences.

« Les semences traditionnelles sont un trésor inestimable. En les mettant en valeur, nous préservons notre héritage culinaire et contribuons au développement de l’agroécologie en favorisant l’utilisation d’ingrédients locaux », soutient Basile Sègbènou, représentant du maire d’Avrankou.

Dans moins de deux mois, cette foire promet d’être un succès, grâce à l’engagement du Conseil communal et des populations, assure le président de la Faeb.

Djongoli, mon préféré

Parmi les plats béninois, le Djongoli reste mon préféré. C’est une purée de haricots à l’huile de palme et à la farine de maïs. Pour le préparer, il faut d’abord trier les haricots pour enlever les mauvaises graines. Ensuite, dans une marmite, porter de l’eau à ébullition et y ajouter les haricots. Une fois cuits, il faut y incorporer des épices, du piment et du sel. Ajuster l’assaisonnement. Recouvrir avec de la farine et de l’huile, puis laisser cuire pendant 10 minutes sans remuer. Remuer ensuite et laisser cuire encore un peu. Et voilà, votre Djongoli est prêt.

Un plat de Djongoli . Photo : IKOKO via Facebook

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*Mot-valise qui allie aliment et médicament et qui désigne des aliments sains pour l’organisme.

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Auteur·e

fadjimehossou

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