Crédit: Hospice DASSOU

Biodiversité : Sur les traces des bryophytes au Bénin

Connaissez-vous les bryophytes ? Ce sont des plantes de petite taille, le plus souvent de couleur verte et dépourvues de fleurs. Elles captivent l’attention des chercheurs depuis quelques semaines au Bénin. Une mission exploratoire a été menée dans la forêt de la Lama à la mi-septembre 2023.

Matinée pluvieuse à l’Herbier National du Bénin, ce samedi 16 septembre 2023. Cependant, à l’intérieur de la salle de montagne, une trentaine de jeunes chercheurs sont concentrés sur les objectifs de leurs microscopes. « Nous sommes en train d’identifier des espèces de bryophytes », explique Judicaël Makponsè, l’un des jeunes chercheurs.

Professeur Terry Hedderson de l’Université de Cape Town en Afrique du Sud. Crédit Photo : Dr. Hospice Dassou

Aux côtés d’eux, Terry Hedderson, professeur à l’Université de Cape Town en Afrique du Sud, et Lova Marline, chercheuse spécialiste des bryophytes au Centre de Conservation de Kew Madagascar, donnent des directives. « Nous sommes là pour former cette équipe à la collecte, au traitement et au stockage des échantillons de bryophytes. Ce sont des espèces qui ont une grande importance écologique, mais il y a très peu de spécialistes en Afrique et au Bénin », souligne Lova Marline.

Percer le mystère

Méconnues, les bryophytes constituent pourtant le deuxième plus grand groupe de plantes au monde, avec plus de 20 000 espèces. Selon les scientifiques, ces espèces ont des atouts précieux. L’absence de données scientifiques au Bénin sur ces plantes empêche d’explorer tout leur potentiel en tant que ressources végétales et de développer une politique de gestion responsable et durable.

Lova Marline, spécialiste des bryophytes au Centre de Conservation de Kew Madagascar. Crédit Photo Dr Hospice Dassou

« Les bryophytes possèdent des propriétés médicinales intéressantes. Elles constituent un précieux réservoir de molécules antioxydantes, anticancéreuses et antivirales qui ne sont pas réellement exploitées. Étant donné leur sensibilité à la température, ces ressources peuvent être utilisées pour évaluer les effets du changement climatique sur la biodiversité », explique le docteur Hospice Dassou, chercheur à l’Herbier national du Bénin et coordinateur de BryoBen.

En quête de données sur les bryophytes

Lancé en juin 2023 à l’Université d’Abomey-Calavi, BryoBen est un projet visant à mobiliser et à mettre à disposition des données sur les bryophytes pour promouvoir l’éducation, la conservation et la gestion durable de ce groupe taxonomique négligé au Bénin.

Avec le soutien de la fondation JRS Biodiversity, le projet évaluera la diversité, la distribution géographique, l’écologie et l’état de conservation des bryophytes au Bénin. L’importance socio-économique et les menaces pesant sur les bryophytes au Bénin seront également évaluées.

« La majorité des spécimens de bryophytes du Bénin sont identifiés, stockés à l’Herbier National et un Atlas de la flore bryophytique du Bénin avec une clé d’identification est publié. Tous les échantillons de spécimens sont géoréférencés, et une base de données est conçue et publiée sur le Global Biodiversity Information Facility (GBIF), avec de nombreuses images fournies sur la plateforme numérique iNaturalist », explique le Dr. Hospice Dassou.

Au coeur de la forêt de la Lama pour la collecte de bryophytes. Crédit Photo : Dr Hospice Dassou

Dans cette quête pour percer le mystère des bryophytes, les compétences de quatre étudiants en Master, deux doctorants et quatre techniciens ont été renforcées en matière des meilleures techniques et procédures de collecte des bryophytes pour garantir une identification facile des spécimens collectés et un stockage efficace. Une démonstration sur le terrain avec les experts a suivi dans la forêt de la Lama.

Il s’agit d’une forêt classée de la zone phytogéographique à affinité guinéo-congolaise du Sud-Bénin, qui s’étend sur 16 250 hectares répartis entre les départements de l’Atlantique et du Zou, à une centaine de kilomètres de Cotonou. « Je peux vous assurer que la récolte a été fructueuse sur le terrain. Nous attendons d’identifier les espèces, en espérant en découvrir de nouvelles », confie Lova, enthousiaste.

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Auteur·e

fadjimehossou

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