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Infertilité masculine: un phytomédicament suscite l’espoir

Un chercheur de l’Université d’Abomey-Calavi vient d’être récompensé pour son innovation dans le traitement de l’infertilité masculine. Il s’agit de Dr Eric Agbodjento de l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des substances naturelles (Urmapha) qui a mis en place un phytomédicament.

De forme galénique gélule, ce phytomédicament est destiné à booster la fertilité masculine.
Crédit Photo : URMAPha (avec son accord)

A partir des plantes, le traitement de l’infertilité masculine est possible. En plus de l’avoir démontré dans sa thèse de doctorat, Dr Eric Agbodjento est allé plus loin en mettant au point un phytomédicament. Cette innovation a reçu le deuxième prix lors de la première édition des journées des sciences et de l’innovation de l’Université d’Abomey-Calavi, fin décembre 2022.

« C’est pour la toute première fois dans le monde scientifique béninois qu’un tel phytomédicament est mis au point (solution made in Bénin). De forme galénique gélule, ce phytomédicament est destiné à booster la fertilité masculine en améliorant les paramètres spermatiques », dévoile fièrement ce chercheur qui intitule cette innovation « ProFerMas ». « Pro signifie booster, Fer pour faire référence à Fertilité et Mas qui veut dire Masculine ». 

En effet, l’infertilité du couple est un problème majeur de santé publique au Bénin. Elle constitue une préoccupation pour le couple, la famille, voire la société. Généralement, devant un cas d’infertilité du couple, la femme est systématiquement incriminée. « Cette accusation systématique que l’on constate dans nos sociétés africaines contraste avec les données scientifiques actuelles qui attestent que l’homme lui-même peut en être la cause dans près de 50% des cas », déplore Dr Eric Agbodjento.

L’infertilité masculine peut être traitée

Le recours aux plantes constitue une bonne alternative pour le traitement de l’infertilité masculine. Ceci en réponse aux difficultés d’accès aux médicaments et thérapies de reproduction assistée liés à leurs coûts et aux questions éthiques soulevées par certaines options de traitements. Cependant, les usages traditionnels de plantes dans le traitement des troubles de la fertilité masculine se font le plus souvent sans aucun fondement scientifique. Boursier du Programme d’appui aux Doctorants (2017-2020) mis en place par le Gouvernement, ce jeune chercheur a décidé d’apporter un plus.

« Au Bénin, il n’existait pas de données scientifiques à l’époque, c’est-à-dire en 2017, sur la validation scientifique des plantes traditionnellement utilisées dans le traitement de l’infertilité masculine. C’est ainsi que l’idée de recherche était née à partir de ce constat », rappelle Dr Eric Agbodjento.

Cette innovation a reçu le 2ème Prix du Trophée Vision-Wéziza de l’Université d’Abomey-Calavi.
Crédit Photo : URMAPha (avec son accord)

Une alternative

L’innovation trouvée est le fruit de quatre années de recherche. Eric Agbodjento a sélectionné certaines espèces végétales sur lesquelles des tests pharmacologiques d’efficacité et de toxicité ont été menés. Dans le lot, on retrouve le Rourea coccinea (Vikplonba, en fon), Cassitha filiformis (Agbégbé, en fon) et le Gardenia ternifolia (Daklpa assou, en fon). « Les résultats obtenus étaient probants, il a alors été envisagé la mise au point de phytomédicament contre l’infertilité masculine au Bénin », fait-il savoir. Les essais de contrôle de qualité et de stabilité ont été réalisés. « Nous avons fait des tests de caractérisation chimique, des tests de caractérisation toxicologique et des tests d’efficacité. Tout ceci a un coût. Nous avons énormément dépensé », ajoute-t-il. Ces efforts sont couronnés le 2ème Prix reçu du Trophée Vision-Wéziza de l’Université d’Abomey-Calavi.

Mais bien avant cette distinction, cette innovation a été récompensée par la fondation African-German Network of Excellence in Science qui a attribué le prix du Meilleur chercheur-Junior africain de l’année 2021 à Eric Agbodjento. Au plan régional, cette innovation a été sélectionnée dans le cadre de la première édition du Forum Africain de la Recherche et de l’Innovation (FARI-2022) de la Cedeao qui s’est tenue au Nigéria du 17 au 21 Octobre 2022. Actuellement, le chercheur poursuit les travaux via des essais cliniques afin de disposer de l’autorisation de mise sur le marché.

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Auteur·e

fadjimehossou

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