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Diabète : ces plantes candidates au traitement

A côté des progrès de la médecine moderne pour la prise en charge du diabète, les plantes médicinales peuvent apporter un plus. Des études menées à l’Université d’Abomey-Calavi révèlent le potentiel de quelques plantes, dont le Launaea taraxacifolia

Launaea taraxacifolia a du potentiel pour le traitement du diabète, Crédit Photo : https://www.researchgate.net

Le Gnantoto (en langue Fon) est un légume domestiqué au Bénin apte à réguler le transport du sucre dans les parois intestinales. La bonne nouvelle provient d’une série de travaux menés à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. Les études portent sur cette espèce scientifiquement appelée Launaea taraxacifolia.

« Nous avons exploré le potentiel antidiabétique de Launaea taraxacifolia. Les tests d’efficacité visant la capacité des extraits de cette plante à diminuer le taux de glycémie chez les rats normaux et à normaliser la glycémie au cours d’une hyperglycémie provoquée par voie orale ont été effectués. La toxicité a été évaluée et nous avons procédé à l’identification des composés phytochimiques présents dans la plante. Les résultats montrent qu’il y a espoir », dévoile Dr Eric Agbodjento, membre de l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie des substances naturelles (Urmapha). C’est donc une bonne nouvelle pour la population béninoise qui enregistre de nombreux patients souffrants de diabète.

Ces travaux ont été menés à l’Urmapha avec le Laboratoire de Recherche en Biologie Appliquée (Larba) et l’Unité de Recherche en Pharmacognosie (Urp) de l’Université d’Abomey-Calavi. Des tests phytochimiques ont été réalisés sur cette espèce végétale. Sa toxicité aiguë a été évaluée sur les extraits aqueux et hydro-alcoolique. La capacité de ces extraits à diminuer le taux de glycémie chez les rats normaux et à normaliser la glycémie au cours d’une hyperglycémie provoquée par voie orale a été aussi testée.

Signaux d’espoir pour le traitement du diabète

Les groupes chimiques majoritaires identifiés dans cette plante sont les tanins, les mucilages, les leuco-anthocyanes et les sucres réducteurs. Les tests de toxicité ont montré une innocuité de cette plante. Les extraits aqueux et hydroalcoolique de cette espèce végétale sont sans risque d’hypoglycémie chez les rats normaux. Cependant, l’extrait aqueux réduit de manière significative la glycémie des rats soumis à l’épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale.

Tous ces résultats augurent d’une bonne piste en vue de la conception d’un médicament traditionnel amélioré. Mais il n’y a pas que le Gnantoto qui suscite de l’intérêt. D’autres travaux ont permis d’évaluer les propriétés anti-hyperglycémiantes de Schwenckia americana, en langue vernaculaire fon elle s’appelle Amakwinkwin ou Viviwiwi « Les tests ont montré une absence de toxicité et l’évaluation a révélé́ qu’il n’y a pas d’effets hypoglycémiants chez les rats normaux. Seul l’extrait hydroalcoolique de S. americana a montré un effet normoglycémiant chez les rats soumis à une hyperglycémie provoquée par voie orale ce qui ouvre la voie à de bonnes perspectives pour l’élaboration d’un médicament traditionnel amélioré́ » note la publication scientifique qui a couronné les travaux.

Ainsi, il y a lieu de passer à des tests plus poussés pour des produits plus sûrs. « Ces plantes ne rendent pas le patient totalement guéri. Mais le véritable problème qu’on a, c’est celui du plateau technique. Jusque-là on s’est limité à des tests préliminaires. On provoque une hyperglycémie pour voir si la plante va l’atténuer. Mais quand vous dites à un médecin, voilà un produit très efficace contre le diabète, il vous demandera comment est-ce que ça marche. Et là, on est bloqué », fait remarquer Dr Victorien Dougnon, responsable de l’Urmapha.

Aller plus loin

Alors, des moyens colossaux sont nécessaires. C’est ainsi que l’Urmapha a décroché en juillet 2022 a décroché le prix Pari de la Cedeao pour continuer à travailler sur le diabète. « Le sommet se félicite de la délibération du jury concernant le Programme d’Appui à la Recherche et à l’Innovation (Pari) 2021 en vue de décerner le prix au consortium dirigé par Dr Bernardin Jean Robert Klotoe et intégrant des universités du Bénin, de Cap-Vert, du Ghana et du Nigeria », précise le communiqué de la 61e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao en date du 3 juillet 2022.

« Nous avons fait un plaidoyer auprès de la Cedeao qui nous a octroyé un financement de 200 000 dollars pour ne travailler que sur le diabète. Cette fois, nous allons pouvoir expliquer clairement, avec des tests plus poussés, comment la plante agit, et si elle est réellement efficace. Nous sommes obligés d’acheter des cellules, de les faire venir au Bénin, les maintenir vivant pour pouvoir faire la culture cellulaire et relever le défi. N’importe qui ne peut le faire sans des moyens adéquats », déclare Dr Victorien Dougnon.

Par conséquent, les perspectives sont alors bonnes, pour soulager les populations de cette maladie chronique grave qui se déclare lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, ou lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit.

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Auteur·e

fadjimehossou

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